mardi 5 janvier 2010

Jalousie #3

Mais là, son billet me cloua sur place, et je me félicitai une fois encore d’avoir attendu qu’elle soit partie pour le lire. J’étais humiliée et très énervée après elle. Comment pouvait-elle être aussi prétentieuse et croire que je la suivais ? Et j’étais énervée après moi, comment avais-je pu être aussi bête et croire qu’elle ne comprendrait pas ? En vrai, elle ne comprenait pas. Et vous ne devez pas comprendre non plus. Pour vous donner une idée de la honte que je ressens, son petit mot entre les mains, il faut que je vous fasse une comparaison très simple.
Vous avez entre 18 et 20 ans, vous vivez seul, loin de vos parents. C’est la première
fois que vous faites vos courses tout seul et il va falloir acheter l’objet de votre honte : le papier toilette. C’est horrible. Comment pouvez vous avoir l’air crédible aux yeux de la communauté avec du papier toilette dans votre caddie, cabas ou sous votre bras ? Il va pourtant falloir l’acheter. Vous vous arrêtez devant le rayon, et il y en a des dizaines de différents. Lequel prendre ? Plutôt mourir que d’en prendre du rose,ça se verrait encore plus…Alors, vous prenez un paquet de papier toilette bleu, soit disant parfumé, avec en motif des petites fleurs. Vous n’avez pas le temps, il faut foncer à la caisse, et essayer de dissimuler « ça ». Mais voilà qu’un visage connu se dresse entre vous et le chemin de la sortie. Un ami (que dis-je, une connaissance) vous interpelle: « Oh toi aussi tu fais tes courses ici ? ». Il est crucial de préciser qu’en prononçant les mots « tes courses », cette personne aura les yeux rivés vers les rouleaux de papier toilette. LA HONTE ! Comme si devoir accepter sa parenté avec le reste du commun des mortels n’était pas assez douloureux, il faut en plus qu’on vous mène plus bas que terre et qu’en prononçant: « tes courses ici » on fasse résonner d’autres phrases en vous, comme: « hahaha tu vas aux toilettes, la honte...»
Mais au bout de quelques mois, cela passe, vous acceptez qu’on vous voit avec ce
genre d’article dans le caddie.
Tandis que moi, à chaque fois que je la reverrai, ma honte sera toujours aussi forte;
ma comparaison était donc intéressante mais pas si pertinente que cela…
Je décidai de replier le mot, de le mettre dans ma poche et de rentrer chez moi au lieu d’aller à la bibliothèque et risquer de l’y croiser encore. Je ne comptais pas changer mes habitudes pour elle, du moins, plus maintenant; mais je ne voulais pas non plus lui montrer que son raisonnement était juste.
Une fois chez moi, je cherchais à me détendre. J’étais devant ma télévision, en train
de me demander pourquoi j’avais eu cette attitude idiote envers cette fille. Je ne trouvais pas de réponse jusqu’à ce que la publicité commence. Je ne suis pas de ceux qui critiquent l’interruption des programmes télévisés par une petite page de pub’.
Au contraire, j’aime ça. Si un film ou une émission vient à durer trop longtemps, on commence à s’en désintéresser et ce même si l’émission nous plaisait. On commence à penser à notre tenue du lendemain. On revit une conversation que l’on a tenue auparavant, en améliorant chacune de nos répliques cela va sans dire. C’est à tout cela que sert la publicité, certains vont chercher quelque chose à grignoter, moi je préfère regarder les pubs pour Slim Fast, les substituts de repas au goût chocolaté.
C’est d’ailleurs grâce à cette pub que j’ai eu les réponses à mes questions. Je n’étais pas en pleine cure d’amincissement grâce à la garce de ma faculté, loin de là. J’étais en train de m’administrer des substituts de vie.
Vous-vous demandez peut être où je veux en venir, ou si je suis en train de tomber
dans l’ésotérisme bon marché ? Libre à vous de vous le demander, libre à moi
d’essayer de vous expliquer.

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