Harry roule de plus en plus vite en marquant de moins en moins la pause aux panneaux stop qui se trouvent sur son chemin. Ils ont rendez-vous chez son frère et sa belle-sœur, Vincent et Gisèle. Ce n’est pas pour arriver à l’heure qu’il risque l’accident à chaque seconde mais plutôt pour ne pas rater le début du grand prix de formule 1. Il commence dans un quart d’heure et il reste encore trente-cinq kilomètres. La tension est palpable. La nausée vient s’ajouter aux démangeaisons de la pauvre Suzie qui n’a aucune envie de regarder des voitures crisser des heures durant. Heureusement qu’elle s’entend bien avec Gisèle et qu’elles ont prévu de quoi faire des napperons cet après-midi, sinon bonjour l’ennui.
« Putain mais qui est-ce qui nous a foutu une brêle pareille devant là ? »
« Mais double-le au lieu de râler. »
« Mais je râle pas, je m’indigne. »
« Bah double, tu t’indigneras après. »
« Y’a pas de visibilité. »
« Ca t’a pas empêché de tourner tout à l’heure, que je sache. »
« Un moment tu me dis de faire attention, l’autre tu t’en fous. T’es vraiment qu’une bonne femme. »
« Bah écoute fais ce que tu veux, de toute façon, on peut jamais rien dire avec toi. »
« Je trouve que je t’entends beaucoup pour quelqu’un qui ne peut jamais rien dire. »
« Vas-y, double, y’a personne là. »
« Non mais tu vas pas me dire comment conduire ma voiture maintenant! »
« Bah tu sais même en F1 ils ont de l’aide pour savoir quand doubler. »
« Tu me parles de F1 maintenant, tu dois avoir un truc derrière la tête toi.»
« Derrière la tête je sais pas, mais j’ai très envie de faire pipi. Tu peux doubler ce tacot pourri maintenant ? »
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