« Quoi ? »
« Quoi quoi ? »
« Pourquoi tu fais la gueule ? »
« Je fais pas la gueule, je suis en colère. »
« C’est pareil. »
« Non, faire la gueule, c’est plus vulgaire. »
« Si tu trouves que c’est plus vulgaire, ne le répète pas. »
« Même la dame, elle a été choquée. »
« C’est une bourge… »
« Appelle là comme tu veux, n’empêche que elle, son mari lui aurait pas coupé la
parole ! »
« Elle a pas de mari Cathy, elle veut qu’on l’appelle Mademoiselle. »
« Peu importe, pendant que tu faisais ton homme d’affaire, j’essayais de te faire
comprendre qu’on trouvera jamais assez de roses. Maintenant tu vas nous mettre
dans l’embarras et cette pauvre dame aussi. »
« Ce que tu peux être pessimiste ma pauvre Cathy, des fois je me demande ce que je
fais encore avec toi et ton ambition de cinq centimètres et demi. »
« Je te rappelle que tu travailles pour ma mère et qu’avant ça t’avais jamais eu de
boulot. »
« Je risque pas de l’oublier, c’est la phrase que tu me ressors à chaque fois que tu te
sens en danger. Mais là Cathy, y’a pas de danger, on va les trouver ces roses. »
« Maman elle est plus toute jeune, elle va pas aller gambader à perpette les oies pour
une dame qui veut 150 couronnes de roses. »
« Elle fera un effort, ça lui soignera ses varices. »
« Pauvre con. »
« Qu’est-ce que tu es vulgaire ma pauvre Cathy. »
« Tu comprends rien, même si maman se bouge, elle peut pas créer des fleurs là où il
y en a plus. Elle fait quelques bouquets par semaine, elle ne veut pas concurrencer
Interflora. »
« Faut toujours que tu geignes ! »
Catherine rejoint l’arrière boutique. Elle n’aime pas quand son mari lui crie dessus, et
encore moins dans la boutique, et encore moins devant les clients. Elle se cache pour
pleurer, parce que Marc se moque toujours d’elle quand elle pleure. Hier, elle a
pleuré en regardant un documentaire animalier. Voir une girafe mettre bas, c’est pas
ce qui va émouvoir Marc, c’est certain. Catherine essaye de se calmer. Elle prend le
téléphone. Marc lui dit que c’est son bureau pas le sien, ce à quoi Catherine répond
qu’elle n’en a pas pour longtemps, qu’il a qu’à lire le magasine à la caisse en
attendant qu’elle ait fini de téléphoner. Marc s’empare du V.S.D. et Catherine
compose le numéro.
« Allo ! »
« Allo ? »
« Tonton Jo, c’est Cathy. »
« Ah Cathy, ta maman est pas là, elle est allée au village racheter de l’antiseptique. »
« Ah Bon ? Mais je l’ai vue avant-hier, elle sortait de la pharmacie avec deux flacons
d’eau oxygénée… »
« Ouais, mais tu sais je me suis encore fait mal avec la tronçonneuse… »
« Ah mince, c’est pas trop grave j’espère ? »
« Heureusement que ta maman était là pour stopper l’hémorragie sinon t’aurais plus
de tonton. »
« Mais pourquoi elle t’amène pas à l’hôpital si c’est si grave ? »
« Tu sais comment est ta mère, elle m’a laissé cinq minutes après l’accident pour aller
ramasser ses fichues fleurs. »
« Ca m’étonne de maman quand même. »
« Moi ça m’étonne pas, elle me prend jamais au sérieux. »
« Mais elle est pas inconsciente, tu dois pas avoir un truc très grave tonton,
t’inquiètes pas. »
« Tu t’inquièterais pas toi si une tronçonneuse te déchirait le bras ? »
« Tonton, je dois y aller, tu diras à maman de me rappeler quand elle rentrera ? »
« Si je suis encore en vie, d’accord. »
Catherine se recoiffe, essuie les traces de mascara, prend un air assuré et sort du
bureau, avertit Marc que sa mère doit la rappeler. Marc retourne dans son bureau,
rallume l’écran de son ordinateur qu’il avait laissé en veille et finit sa partie de
solitaire. Marc, il préfère les jeux où on joue tout seul. D’ailleurs, il a fini les mots
fléchés du V.S.D. pendant que Catherine téléphonait. Un client entre. Cathy sourit. Il
la félicite sur le poster affiché à la porte cette semaine. C’est une belle tondeuse.
Cathy rougit. Elle avait insisté pour la mettre cette affiche.
« Qu’est-ce qu’il vous faut Monsieur Durand ? »
« Votre mari est là ? »
« Oui, dans son bureau, à l’arrière, pourquoi ? »
« Il nous entend ? »
« Pas si vous parlez doucement. »
« Très bien, vous faites quoi ce soir ? »
« Euh je suis chez moi pourquoi ? »
« Ca va vous sembler incongru… »
« Pour le moment ça l’est oui. »
« En fait, mes enfants viennent ce soir, manger chez moi. »
« Oui et en quoi puis-je vous aider, vous avez besoin d’une recette ? »
« En fait, ils pensent que je fréquente quelqu’un et c’est faux. Je la leur ai décrite et
elle est petite et brune comme vous. »
« Vous voudriez que je fasse semblant d’être votre concubine ? »
« C’est un peu l’idée oui, vous accepteriez ? »
« Mais, mon mari ne comprendra pas. »
« Mais, on n’est pas obligés de lui dire, allez Catherine, je suis un habitué de votre
boutique depuis que je suis arrivé au village, faites un geste. »
« Mais c’est que la moitié du village pourrait en dire autant Monsieur Durand. »
« S’il vous plait ! »
« Mais je prétexte quoi ? »
« Vous pouvez dire que vous avez croisé ma fille à plusieurs reprises lorsqu’elle me
rendait visite et que vous vous êtes liées d’amitié et que vous voulez à tout prix dîner
en sa compagnie ce soir puisqu’elle repart demain. »
« Quoi quoi ? »
« Pourquoi tu fais la gueule ? »
« Je fais pas la gueule, je suis en colère. »
« C’est pareil. »
« Non, faire la gueule, c’est plus vulgaire. »
« Si tu trouves que c’est plus vulgaire, ne le répète pas. »
« Même la dame, elle a été choquée. »
« C’est une bourge… »
« Appelle là comme tu veux, n’empêche que elle, son mari lui aurait pas coupé la
parole ! »
« Elle a pas de mari Cathy, elle veut qu’on l’appelle Mademoiselle. »
« Peu importe, pendant que tu faisais ton homme d’affaire, j’essayais de te faire
comprendre qu’on trouvera jamais assez de roses. Maintenant tu vas nous mettre
dans l’embarras et cette pauvre dame aussi. »
« Ce que tu peux être pessimiste ma pauvre Cathy, des fois je me demande ce que je
fais encore avec toi et ton ambition de cinq centimètres et demi. »
« Je te rappelle que tu travailles pour ma mère et qu’avant ça t’avais jamais eu de
boulot. »
« Je risque pas de l’oublier, c’est la phrase que tu me ressors à chaque fois que tu te
sens en danger. Mais là Cathy, y’a pas de danger, on va les trouver ces roses. »
« Maman elle est plus toute jeune, elle va pas aller gambader à perpette les oies pour
une dame qui veut 150 couronnes de roses. »
« Elle fera un effort, ça lui soignera ses varices. »
« Pauvre con. »
« Qu’est-ce que tu es vulgaire ma pauvre Cathy. »
« Tu comprends rien, même si maman se bouge, elle peut pas créer des fleurs là où il
y en a plus. Elle fait quelques bouquets par semaine, elle ne veut pas concurrencer
Interflora. »
« Faut toujours que tu geignes ! »
Catherine rejoint l’arrière boutique. Elle n’aime pas quand son mari lui crie dessus, et
encore moins dans la boutique, et encore moins devant les clients. Elle se cache pour
pleurer, parce que Marc se moque toujours d’elle quand elle pleure. Hier, elle a
pleuré en regardant un documentaire animalier. Voir une girafe mettre bas, c’est pas
ce qui va émouvoir Marc, c’est certain. Catherine essaye de se calmer. Elle prend le
téléphone. Marc lui dit que c’est son bureau pas le sien, ce à quoi Catherine répond
qu’elle n’en a pas pour longtemps, qu’il a qu’à lire le magasine à la caisse en
attendant qu’elle ait fini de téléphoner. Marc s’empare du V.S.D. et Catherine
compose le numéro.
« Allo ! »
« Allo ? »
« Tonton Jo, c’est Cathy. »
« Ah Cathy, ta maman est pas là, elle est allée au village racheter de l’antiseptique. »
« Ah Bon ? Mais je l’ai vue avant-hier, elle sortait de la pharmacie avec deux flacons
d’eau oxygénée… »
« Ouais, mais tu sais je me suis encore fait mal avec la tronçonneuse… »
« Ah mince, c’est pas trop grave j’espère ? »
« Heureusement que ta maman était là pour stopper l’hémorragie sinon t’aurais plus
de tonton. »
« Mais pourquoi elle t’amène pas à l’hôpital si c’est si grave ? »
« Tu sais comment est ta mère, elle m’a laissé cinq minutes après l’accident pour aller
ramasser ses fichues fleurs. »
« Ca m’étonne de maman quand même. »
« Moi ça m’étonne pas, elle me prend jamais au sérieux. »
« Mais elle est pas inconsciente, tu dois pas avoir un truc très grave tonton,
t’inquiètes pas. »
« Tu t’inquièterais pas toi si une tronçonneuse te déchirait le bras ? »
« Tonton, je dois y aller, tu diras à maman de me rappeler quand elle rentrera ? »
« Si je suis encore en vie, d’accord. »
Catherine se recoiffe, essuie les traces de mascara, prend un air assuré et sort du
bureau, avertit Marc que sa mère doit la rappeler. Marc retourne dans son bureau,
rallume l’écran de son ordinateur qu’il avait laissé en veille et finit sa partie de
solitaire. Marc, il préfère les jeux où on joue tout seul. D’ailleurs, il a fini les mots
fléchés du V.S.D. pendant que Catherine téléphonait. Un client entre. Cathy sourit. Il
la félicite sur le poster affiché à la porte cette semaine. C’est une belle tondeuse.
Cathy rougit. Elle avait insisté pour la mettre cette affiche.
« Qu’est-ce qu’il vous faut Monsieur Durand ? »
« Votre mari est là ? »
« Oui, dans son bureau, à l’arrière, pourquoi ? »
« Il nous entend ? »
« Pas si vous parlez doucement. »
« Très bien, vous faites quoi ce soir ? »
« Euh je suis chez moi pourquoi ? »
« Ca va vous sembler incongru… »
« Pour le moment ça l’est oui. »
« En fait, mes enfants viennent ce soir, manger chez moi. »
« Oui et en quoi puis-je vous aider, vous avez besoin d’une recette ? »
« En fait, ils pensent que je fréquente quelqu’un et c’est faux. Je la leur ai décrite et
elle est petite et brune comme vous. »
« Vous voudriez que je fasse semblant d’être votre concubine ? »
« C’est un peu l’idée oui, vous accepteriez ? »
« Mais, mon mari ne comprendra pas. »
« Mais, on n’est pas obligés de lui dire, allez Catherine, je suis un habitué de votre
boutique depuis que je suis arrivé au village, faites un geste. »
« Mais c’est que la moitié du village pourrait en dire autant Monsieur Durand. »
« S’il vous plait ! »
« Mais je prétexte quoi ? »
« Vous pouvez dire que vous avez croisé ma fille à plusieurs reprises lorsqu’elle me
rendait visite et que vous vous êtes liées d’amitié et que vous voulez à tout prix dîner
en sa compagnie ce soir puisqu’elle repart demain. »
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