mardi 17 mai 2011

RFC 1855 #1

La loi est dure mais c'est la loi. La loi est dure mais c'est la loi. La loi est dure mais c'est la loi. Jimmy fait encore l'oeuf. Enfin maman elle appelle pas ça comme ça mais faut bien avouer qu'il se recroqueville sur lui même et qu'à force qu'il fasse ça, on a peur qu'il se casse alors moi je dis qu'il fait l'oeuf. Ça fait une heure qu'il parle de la loi de la nature.
Il m'épuise. S'il s'épuisait pas lui même à force de rouler sa bosse d'oeuf sur le parquet froid, je crois bien que je le frapperais, mais maman m'a dit que c'était déconseillé.
Un jour je l'ai frappé quand même et Jimmy a crié tellement fort que j'ai cru qu'il avait éclos, mais une fois qu'il s'est calmé, j'ai compris, j'aurais pas dû. Il m'a tapé en retour. J'ai eu beau lui dire qu'on tape pas sur les filles et qu'on tape pas non plus sur plus petit que soit, il faisait le mec qui comprenait rien. Je crois bien qu'il comprend pas grand chose, de toute manière. Maman dit qu'il est spécial, mais je sais pas trop ce qu'elle lui trouve.
Elle dit beaucoup que c'est la vie, mais c'est pas vraiment une vie.
Alors en attendant moi je les laisse régler leurs affaires tranquille et je vais sur le net. Avant j'allais sur des forums de discussions mais c'était pas trop cool parce que les gens avec qui tu discutes, ils te répondent pas immédiatement. T'as l'impression d'être seule, et ça j'en ai ma claque. J'ai demandé quand même sur des forums s'ils pensaient que Maman était amoureuse de Jimmy. J'ai trouvé des réponses à mes questions. D'autres gens se sont posé les mêmes avant moi, enfin pas sur ma mère mais sur la leur. On croit toujours que nos problèmes ils arrivent à personne d'autre mais en fait c'est pas vrai. Y'a pleins de gens comme nous; c'est écrit sur Yahoo Q/R.
Mais comme je disais, ça c'était avant. Maintenant je vais sur les chats. J'utilise pas mon vrai âge. Il parait qu'il y a pleins de pédophiles. Alors pour pas tomber dans leur piège, moi je dis que j'ai 23 ans. Même si j'en ai 10 de moins. Ça fait vrai car je fais pratiquement pas de fautes d'orthographe. Y'a juste les doubles consonnes et les accords des participes passés avec l'auxiliaire avoir qui me font un peu douter. Je leur dis aussi que je m'appelle autrement. J'utilise un faux prénom. Mais je garde mon nom de famille. Le seul problème, c'est mon adresse e-mail. Y'a mon vrai prénom dedans. Mais qu'importe. J'ai un scénario infaillible.
Je passe beaucoup de temps sur Internet. Je sais que je devrais réviser pour le brevet mais j'ai beaucoup de chance, j'ai pas besoin de travailler car j'ai une bonne mémoire. Je comprends rien en maths par contre. Mais ça c'est parce que dans ma classe, ils veulent tous faire S au lycée et du coup ils sont super doués alors ça m'avantage pas trop. Mais je m'en fous car je suis super douée en langues. I don't care if I'm rubbish at mathemathics ! Vous voyez, je me débrouille, hein ?!

dimanche 13 mars 2011

Harry et Suzie #4

Apéro, entrée, plats, salade, fromage, desserts, café, pousse-café, pantalon déboutonné: c'est comme une danse dont il faut pas oublier la chorégraphie, sinon on ne saurait plus quoi faire quand la musique s'arrête. Et y'a pas à dire, le morceau n'est jamais sans fin. Alors quand les écuries allemandes ont crissé leur dernier pneu; Harry et Vincent reprennent la place qui est la leur: le fauteuil en velour beige. Les deux frères défont un autre bouton de leur pantalon du dimanche, pour plus de confort. Ils ont changé de chaîne et causent boulot pendant que Michel Drucker et Michel Sardou discutent entre Michels sur le canapé rouge. En somme, il se passe à peu près la même chose de chaque côté de l'écran.
Dans la cuisine, en revanche, tout est bien différent. Gisèle lave la vaisselle pendant que Suzie l'essuie. La maîtresse de maison est perdue dans ses pensées. En jetant un oeil sur son évier - dont l'inox a probablement été un jour brillant - elle entend la voix de Philippe Risoli résonner. Elle se souvient avec émotion de l'instant où elle avait gagné la vitrine. Une cuisine dernier cri dont la valeur était estimée à 63 450 francs. Cela faisait six mois qu'elle était avec Vincent à cette époque là. Cette cuisine, il fallait bien la faire installer quelque part, et dans le 20m² de Gisèle, c'était pas possible. Vincent la demanda en mariage quelques jours plus tard. Et depuis, cette gagnante du juste prix n'a jamais réussi à s'enlever de la tête que son conjoint l'avait surement épousée pour sa cuisine BUT au moins autant que pour ses autres attributs.
Elle est tirée de ses songes par sa maladroite belle-soeur qui n'a rien trouvé d'autre à faire que de casser un verre. Suzie se précipite sur le sol pour rattraper son erreur en ramassant les plus gros bouts de verre. Elle grommelle sur la publicité mensongère que mène Duralex avant de fondre en larmes. Gisèle ne sait plus trop quoi faire. Elle a jamais été trop à l'aise avec les pleurs, que ce soit les siens ou ceux de quelqu'un d'autre.
Suzie s'assoit sur la chaise qui lui est tendue. Son amie lui tape, tape, tape sur l'épaule. Ça va aller. Tout va bien se passer. Il ne faut pas parler trop fort, les hommes pourraient entendre. Et si on allait se promener. Quelques hésitations et deux foulards plus tard, les deux comparses se retrouvent sur la balancelle dans la cour arrière. Le vent fouette le visage de Suzie et en profite pour sécher ses larmes.
Suzie n'a pas assez d'argent, sinon elle avorterait sans rien dire. Sa soeur qui vit sur la Capitale pourrait lui prêter quelques billets, mais ça fait des années qu'elles ne se sont plus parlées.
"Tu as tué papa en épousant ce gros porc d'Harry...Tu es la honte de la famille, ne pas finir le lycée et t'en aller comme ça...la honte...et ta famille, tu y as pensé à ta famille ?"
Non, Suzie ne peut décemment pas aller voir sa soeur.
Du bout des pieds, elle stoppe la balancelle et regarde Gisèle:
"Viens on se casse toutes les deux, ils nous retrouveront pas."

dimanche 26 septembre 2010

Mais trop de boulot / dodo #1

Tu sais aujourd’hui rien ne va. Mon thé du matin était insipide, il avait goût d’eau et pourtant je l’ai laissé infuser au moins 3 minutes de plus que la moyenne conseillée sur l’emballage en carton. En plus de cela, j’ai cassé ma tasse préférée, celle avec les chatons. Je crois bien que j’aurais dû prendre ça pour un signe. J’aurais dû me recoucher. D’habitude il m’en faut moins que ça pour retourner dormir. Je comprends pas pourquoi j’ai résisté. Je dois être guérie, je ne sais pas trop.
Toujours est-il qu’une fois dehors, j’ai eu très froid. Je suis remontée me changer. Une fois repartie, j’ai pris le métro, et là, j’ai eu trop chaud. Je ne comprends rien à la régulation de ma température corporelle. Je te jure, rien du tout. Et puis en plus, je me suis trompée de livre. J’ai mis celui que je venais de finir dans mon sac au lieu d’emporter celui que je venais de commencer. Alors je me suis dit, c’est pas grave, écoute ton MP3. Je sais que t’aimes pas quand je dis mon MP3 parce que c’est un lecteur mp3 et que j’ai pas mis qu’un seul mp3 dessus, mais je sais pas, j’arrive pas à dire autrement. J’aurais un iPod, je te jure que je donnerais la marque au lieu de dire MP3. Et en fait de toute façon, mon MP3 n’était pas rechargé, il s’est éteint au bout de deux arrêts. Alors là, Dimitri est entré dans mon wagon. Il a fait un de ces boucans ! Il est SDF Dimitri. Et il a des enfants. Ça doit être dur d’élever des gamins dans la rue. Déjà que ça doit être dur d’élever des gamins tout court. Alors tu vois, Dimitri, il a commencé son discours habituel. Je dis habituel parce que je l’ai déjà entendu plusieurs fois Dimitri. Son ton grave et son texte ne changent jamais. Il parle aussi fort que s’il essayait d’empêcher un renard de manger ses enfants dans la rue la nuit. Je crois que c’est justement pour que les gens qui écoutent leur MP3 l’entendent, bon gré mal gré. Il dit qu’il aimerait bien prendre une douche, ou manger ou sortir ses enfants de la rue. Des objectifs nobles, en somme. Et donc il veut qu’on l’aide Dimitri, s’il est là aujourd’hui ce n’est pas pour le plaisir. Il réclame, une petite pièce, un ticket resto, un sourire, ou une poignée de main, même vide. Cette idée de poignée de main même vide, c’est un sacré coup de bluff qu’il nous fait là le Dimitri parce que si je lui proposais, je suis sure qu’il l’accepterait même pas. Je lui ai souri pour voir, puisqu’il l’avait suggéré. Il a vu que j’avais pas de monnaie dans la main, alors il ne m’a pas rendu mon sourire et a grommelé quelque chose sur les chiffres truqués du pôle emploi. Pour un mec qui a fait son entrée en saluant tout le monde, je le trouve pas si chic que ça Dimitri. En plus c’est vrai qu’il pourrait se laver un peu plus souvent.

jeudi 23 septembre 2010

Au Monoprix #1

Depuis que je travaille à la caisse du Monoprix près de chez moi, je me pose des questions existentielles. Je suis en train de nettoyer des œufs qu’un client maladroit a fait tomber de son caddie juste avant de payer, et je me demande sincèrement quel pourcentage de la population peut se vanter de réussir les œufs pochés. Il y a surement des personnes qui vous diront que c’est facile et qui n’auront jamais essayé. Ces gens là m’intéressent mais moins que ceux qui auraient vraiment tenté l’expérience. Que diable se passe-t-il dans la tête de quelqu’un qui aurait envie de cuisiner ou de manger un œuf poché ? Il ne faut pas être très clair tout de même. De toute manière, l’œuf est un aliment assez infâme quand on y réfléchit deux secondes. L’idée qu’on utilise des embryons de poulet pour lier les appareils de bien des pâtisseries transformera dans votre inconscient le plus simple des gâteaux au yaourt en gâteau au poussin.
Attention, faut pas se méprendre sur mon compte, je vous raconte ça mais en fait j’adore la viande. Je suis pas hypocrite comme ces connards de végétariens et leurs airs affectés. J’en connais qui militent pour qu’on arrête de manger du bœuf et qui exhibent fièrement leur dernière veste en cuir, une fois la nouvelle saison venue.
Je reviens dans dix minutes, c’est l’heure de ma pause.

dimanche 31 janvier 2010

Ambiance-moi négro! #2

Patrick, il est spécial. Il va être célèbre un jour, j'en suis sure. Il fait tout pour. Il fait de la musique. C'est un peu zouk, c'est un peu R'n'B; le type de musique que mon grand-frère déteste. Moi, j'aime bien. Surtout si ça le rend célèbre, Patrick. Il mériterait de l'être en tout cas, avec tout ce temps qu'il passe à faire des vidéos sur Youtube. D'ailleurs, c'est comme ça qu'on l'a connu avec mes copines. Il faisait une trop bonne reprise de Sobri; une pure merveille. J'ai commencé à lui envoyer des e-mails. Il voyait rien venir lui, mais moi je calculais tout. Je voulais devenir son amie pour pouvoir sortir avec lui. J'ai commencé par devenir son amie sur facebook, pour pas trop précipiter les choses. Je commentais tous ses statuts, toutes ses activités. Si Patrick répondait à un quiz sur le genre d'œuf qu'il est, vous pouviez être certains que je faisais le quiz dans la minute.
Je suis un œuf à la coque d'ailleurs, il parait que c'est le plus distingué des œufs. J'ai jamais trop compris ce quiz, mais si Patrick l'a fait, ça doit valoir le coup.
Et un jour, je me suis débrouillée pour aller à une soirée où il allait aussi. Toute bien glossée, je me suis présentée. Je l'ai pas lâché. Je crois que le courant est passé. Et là maintenant je suis à son anniversaire. Je crois que j'ai réussi ma mission.
Enfin pas tout à fait, je ne sors pas encore avec lui. Et puis toutes mes copines sont sur le coup aussi maintenant. Faut dire qu'une star comme ça, c'est un bon parti.

mardi 26 janvier 2010

Sinon ça va #6

De deux choses l’une, soit je me laisse aller à la déprime, soit je me laisse aller à me dépraver. Marion veut me raconter sa première nuit avec son écolo sur MSN. Mes réponses quasi monosyllabiques ne la mettent pas sur la piste. Elle ne va pas me demander si je vais bien. Je ne vais pas me rabaisser à lui raconter. Je veux la tester un peu. Marc m’a envoyé un SMS pour savoir si je voulais boire un cappuccino avec lui à la cafétéria de la fac. Je ne vais pas lui répondre. Il sait que je réponds toujours et que si je ne le fais pas c’est que quelque chose va mal. Je veux qu’on vienne me sauver mais j’ai ma fierté. Cela va faire trois nuits que je force Romain à dormir dans la chambre d’amis. Il essaye de me parler, à coups de: « Manon, s’il te plait» , « Manon, je t’en prie », « Manon, je t’en supplie. ». Supplie-moi grand con, supplie-moi. Mais plus ça va, moins j’ai envie de l'arrêter, je crois que j’aimerais bien comprendre pourquoi il m’a fait ça, et pourquoi avec cette folle de Sandra. Je vais dans le salon. Il est affalé sur le canapé en train de croquer une nature morte. Je pousse un peu ses jambes pour m’assoir à côté de lui. Il a l’air surpris, mais au fond je suis surprenante. Il me demande si je veux savoir. Je lui dis: « pas tout de suite ». Je lui pique une feuille de son bloc et prends un crayon gras. Je lui dis que je vais le dessiner, moi aussi, et qu’après il pourra tout me raconter, me prouver à quel point il est con. Je dessine vite fait une grosse bite toute moche et lui tends la feuille, l’air triomphant. Il me regarde, l’air circonspect. Il ne sait pas comment réagir, alors ça me fait rire, alors il rit aussi. Je stoppe net. Il voit que ce n’est pas trop le moment de plaisanter. Il se redresse. Il me dit que ça ne va pas me plaire et que, je peux le croire ou non, mais à aucun moment il n’a essayé de me blesser. J’ai du mal à adhérer à cette idée mais j’ouvre grand les oreilles, les yeux et mes chakras :
« Tu te souviens quand Sandra a commencé à rester chez nous le week-end ? »
« Oui. »
« Tu te souviens pourquoi ? »
« Oui, parce que son père avait fait des trucs crados mais on n’a jamais su quoi. »
« Tu n’as jamais su quoi. »
« Ah, elle te l’a dit, ça vous a rapproché et vous avez niqué dans mon dos ? »
« Non, non. »
« Alors quoi ? »
« Disons qu’elle n’a pas eu besoin de me le dire. »
« Ah, le père de Sandra te fait des confidences sur sa vie sexuelle maintenant ? »
« C’est pas vraiment ça, laisse-moi t’expliquer s’il te plait. Ne m’interromps pas. »
« Ok, ok. »
« Alors, tu vois, si je suis au courant des activités sexuelles du Père de Sandra, c’est que j’en fais partie intégrante. »
« Quoi ? »
« Quand Sandra a surpris son père en train de faire des trucs étranges, bah en fait on était ensemble sur son lit. »
« Il t’a violé ? »
« Mais non voyons. »
« Drogué ? »
« Ecoute, arrête un peu de faire semblant de ne pas comprendre. Je sais que tu le sais. Tu l’as toujours su. »
« Toujours su quoi ? »
« Que j’aimais aussi les hommes. »
« Euh… »
« Arrête. »
« Comment ça arrête ? Mais tu me l’as jamais dit. »
« Mais tu l’as toujours su quand même, non ? »
« T’as eu des ex un poil masculine mais j’ai jamais pris ça pour un coming-out. »
« Bah voilà, écoute-moi bien, je le fais mon coming-out, là. »
« Ah oui, je ne fais que ça t’écouter, parce que j’aimerais bien aussi un peu te frapper, mais j’imagine que si je le fais, je n’aurai pas la fin de l’histoire… »
« Manon… »
« Allez, dis moi pourquoi tu te faisais enculer par le père de Sandra alors ?! »
« Bah techniquement, c’était plutôt lui qui… »
« Oh Romain, je t’en prie, viens-en au but ! »
« Eh bien tu sais, ce n’était pas la première fois que ça arrivait. »
Je l’écoute me raconter qu’il me trompe avec le père de Sandra depuis des mois. J’essaye d’avoir l’air calme. En vérité, je voudrais pleurer. Je l’écoute me raconter qu’après avoir été surpris par Sandra, celle-ci a pris le parti d’instaurer un jeu de chantage pervers. Si Romain couchait avec elle, alors, elle garderait son petit secret pour elle et jamais je n’aurais à apprendre quoi que ce soit. En gros, Romain a couché avec elle pour me préserver. Certes. J’essaye d’avoir l’air sereine. En vérité, je voudrais mourir. Marc me renvoie un SMS pour savoir pourquoi je ne réponds pas, si j’ai un problème. Marc c’est un chic ami, quand même. Faudra que je pense à être un peu plus présente pour lui. Après tout, sa meuf est super chiante, il mérite une amie comme moi, pour contrebalancer. Romain a l’air d’avoir fini son plaidoyer. Il n’essaye même pas de se trouver des excuses. J’essaye de me la jouer compréhensive. Je lui demande s’il m’aime encore. Il me dit bien sûr et essaye de me caresser les cheveux, mais je le repousse à temps. Je lui demande, la voix tremblante s’il m’avait déjà trompée auparavant. Il me dit oui. Je lui dis que je ne veux pas savoir. Puis je change d’avis. Puis en fait non. Il ne m’écoute pas et me raconte qu’à l’époque où on s’est mis ensemble, il était déjà plus ou moins dans une relation triangulaire libre mais compliquée. Je lui demande qui serait bien assez glauque pour être dans une relation triangulaire avec lui. Pendant qu’il essaye de trouver une formule toute faite, je pense à toute sorte de scénario. Un couple de vieux, des sœurs perverses, deux petites sans-papiers. Il me coupe de mes divagations par un sévère :
« Martin et Antoine. »
« Martin et Antoine comme dans Martin et Antoine nos meilleurs amis ? »
« Oui. »
« Mais comment avez-vous pu me faire ça ? »
« Ils ont dû se poser la même question. »
« Quoi ? »
« Oui, pour eux, je les ai quitté pour toi. C’est toi la trouble-fête dans l’histoire à leurs yeux. »
« Fais-moi penser à leur envoyer une carte d’excuse. »
« Non mais tu comprends bien que si je t’ai choisie toi, c’est parce que je t’aimais plus qu’eux. »
« Mais si tu m’as trompée avec eux, c’est parce que tu les aimes encore ? »
« Non, non, j’étais bourré. »
« Ah, ça change tout. »
« Non mais ce n’est arrivé qu’une fois, plus par habitude qu’autre chose, enfin du moins de ma part. »
« Ah, pour eux c’était pas de la routine ? »
« Je crois qu’il espérais encore me faire changer d’avis. »
« Et tu as changé d’avis ? »
« Non, je te préfère encore. »
« C’est bon à savoir. »
Je l’écoute déblatérer encore quelques banalités. Il me demande où on en est, je lui dis que pour l’instant je n’en sais rien, que j’aimerais qu’il continue à dormir dans la chambre d’ami, mais que je l’interdis d’y recevoir ses multiples amants. J’essaye de penser à autre chose et de m’endormir. Je crois que je ne vais pas y arriver. Alors je vais regarder un épisode de Docteur House, ou deux, ou trois, ou quatre, ou peut-être même cinq. […] Il est quatre heures et demie du matin, je n’ai plus de larmes à pleurer alors je décide qu’il est l’heure de fermer les yeux, jusqu’à demain au moins.
[ …]
Un coup de téléphone de Marion me réveille. Il est midi. Elle veut me raconter à nouveau ses ébats avec l’écolo. Elle parle, elle parle, et comme je ne réponds pas beaucoup, elle me demande alors par politesse si ça va. Je dis que Romain m’a trompée avec trois hommes et une femme. Mais sinon, ça va. Elle me dit qu’elle aime vraiment bien son écolo mais qu’il insiste beaucoup pour la sodomie et que ça l’attire pas des masses. Je la comprends, moi non plus. Je n'ai jamais vraiment aimer parler de sexe avec mes amies mais je lui dis la vérité :
« Surtout, fais-le, sinon il va virer PD et coucher avec le père de ta meilleure amie. »

samedi 9 janvier 2010

Ambiance-moi négro! #1

Je suis là pour une raison et une seule. On m’avait invitée. Et une invit’ de Patrick, ça ne se refuse pas. Moi et mes copines, notre truc, c’est les blacks. Et Patrick,dans le genre, il est pas mal. Il est bien noir ; d’un noir qui contraste avec ses dents. Sa soirée d’anniversaire : je pouvais pas rater ça. Une occasion en or pour essayer de le pécho. Je lui ai acheté du chocolat. Noir, bien sûr. Je discute avec une fille qui collectionne les boites Banania vintage. Je trouve l’idée cool, sérieux.
Patrick m’a invitée pour une raison et une seule : j’ai un gros cul de blanche. Je crois bien que ça lui plait. Les grosses blanches. Il m’ignore un peu, cajole des maghrébines. Et cette fille me parle encore de banania. Alors que moi, j’ai une envie et une seule : que Patrick m’ambiance sur la piste de danse.

mercredi 6 janvier 2010

Si j'avais une brouette #5

Irène est une femme qui aime sa petite routine. La mort de son mari l’a beaucoup affectée, elle a dû retourner vivre chez ses parents. On ne peut pas vraiment dire « chez ses parents » puisque seul son frère Jonathan, dit Jo, y vit. Ils ne se sont jamais vraiment bien entendus car personne, ou presque, ne s’entend vraiment avec Jo. Cet hypocondriaque de 58 ans a un jour embrassé une fille sur la joue, depuis il pense qu’il peut écrire des théories sur l’amour. Il aime bien citer des auteurs qu’il n’a pas lus, des auteurs qui sont répertoriés dans son dictionnaire des citations. Chaque soir, avant de s’endormir à 22h, il relit un thème. Hier soir il a lu les citations parlant de « La Raison », et il trouve ça étrange que Pascal se fasse appeler par son prénom, sûrement quelqu’un qui a su rester simple, ce Pascal.

Jo s’est toujours fait une joie d’avoir sa soeur à ses côtés. Elle lui fait à manger. Elle s’occupe des factures, et même s’il ne l’avouera jamais, elle gagne assez d’argent pour qu’ils vivent bien, tous les deux. Jo boit l’apéro tous les soirs avec ses deux amis d’enfance : le petit Henri de la ferme voisine, et le Petit Emile de la ferme voisine de celle d’Henri ; sauf qu’ils ne sont plus si petits que ça…Ils s’assoient tous les soirs, à la même heure, autour de la table, boivent la même chose tous les jours et mangent les même biscuits apéritifs depuis des années ; les biscuits que l’épicier du village continue de commander, juste pour eux. Ils racontent pleins d’anecdotes qui ont pour point commun de toutes débuter par « Vous vous souvenez du jour où… » . Ils rient beaucoup. Parfois, ils ne rient pas, et ces fois là, Irène ne leur propose pas de rester manger avec eux. Elle sait que son frère sera triste s’ils continuent à parler du passé alors elle préfère les chasser avec un « C’est prêt Jo. », une phrase quasi imparable.

Irène va devoir demander de l’aide à son frère, chose qu’elle n’ose plus trop faire depuis qu’elle s’est installée chez lui. Elle pense qu’elle lui doit trop pour lui faire cet affront. Henri et Emile s’en vont. Irène n’ose pas servir le souper. Elle n’a pas encore choisi ses mots, les bons mots qui feront que Jo ne pourra pas hésiter et qu’il acceptera de l’aider sans rechigner une seconde.

« Jo ! »
« Oui ? »
« A table ! »
« Bah, j’y suis déjà. »
« Ah oui, c’est vrai, excuse-moi. »
« Je t’excuse pour ça, mais pour mon bras, je suis pas prêt d’oublier »
« Tu dis n’importe quoi, encore une fois. »
« Passe-moi la télécommande ! »
« Non Jo, j’ai des choses à te dire, on mange sans télé pour une fois. »
« Tu vas pas me faire une leçon de vie encore une fois ? »
« Comment ça encore une fois ? »
« Bon accouche, c’est quoi ton problème ? »
Irène lui explique l’exploit qu’on attend d’elle. Elle laisse aussi sous entendre qu’elle aura besoin de l’aide de Jo.
« Oui je t’aiderai. »
Irène ne pensait pas obtenir cette faveur si facilement, elle pense à une moquerie mais comprend que son frère n’est pas un méchant.
« Jo, je te laisserai le soin de cueillir toutes les roses du jardin demain. »
« Et toi tu vas faire quoi ? »
« Je vais aller faire le tour de mes amies au village, pour leur dire que j’ai besoin de leur roses. »
« Ca la fout mal pour une fleuriste, non ? »
« Non, et puis je ne suis pas une fleuriste. »
« Arrête de jouer avec les mots le soir du jour où j’ai frôlé la mort. »
« Jo… »
« Oui très bien, on fera le compte demain soir pour voir combien il nous en manque ? »
« Oui, et ensuite j’irai m’approvisionner aux maisons de campagne de la famille, en espérant que le traitement que j’avais fait aux rosiers l’an dernier ait porté ses
fruits… »
« Ses fleurs, tu veux dire. »
« Jo, c’est pas trop le moment là »
« Oh si on peut plus rire. »

Et en effet, ce n’est pas trop un moment pour rire, mais Jo et Irène ne peuvent pas le
savoir.

mardi 5 janvier 2010

Jalousie #3

Mais là, son billet me cloua sur place, et je me félicitai une fois encore d’avoir attendu qu’elle soit partie pour le lire. J’étais humiliée et très énervée après elle. Comment pouvait-elle être aussi prétentieuse et croire que je la suivais ? Et j’étais énervée après moi, comment avais-je pu être aussi bête et croire qu’elle ne comprendrait pas ? En vrai, elle ne comprenait pas. Et vous ne devez pas comprendre non plus. Pour vous donner une idée de la honte que je ressens, son petit mot entre les mains, il faut que je vous fasse une comparaison très simple.
Vous avez entre 18 et 20 ans, vous vivez seul, loin de vos parents. C’est la première
fois que vous faites vos courses tout seul et il va falloir acheter l’objet de votre honte : le papier toilette. C’est horrible. Comment pouvez vous avoir l’air crédible aux yeux de la communauté avec du papier toilette dans votre caddie, cabas ou sous votre bras ? Il va pourtant falloir l’acheter. Vous vous arrêtez devant le rayon, et il y en a des dizaines de différents. Lequel prendre ? Plutôt mourir que d’en prendre du rose,ça se verrait encore plus…Alors, vous prenez un paquet de papier toilette bleu, soit disant parfumé, avec en motif des petites fleurs. Vous n’avez pas le temps, il faut foncer à la caisse, et essayer de dissimuler « ça ». Mais voilà qu’un visage connu se dresse entre vous et le chemin de la sortie. Un ami (que dis-je, une connaissance) vous interpelle: « Oh toi aussi tu fais tes courses ici ? ». Il est crucial de préciser qu’en prononçant les mots « tes courses », cette personne aura les yeux rivés vers les rouleaux de papier toilette. LA HONTE ! Comme si devoir accepter sa parenté avec le reste du commun des mortels n’était pas assez douloureux, il faut en plus qu’on vous mène plus bas que terre et qu’en prononçant: « tes courses ici » on fasse résonner d’autres phrases en vous, comme: « hahaha tu vas aux toilettes, la honte...»
Mais au bout de quelques mois, cela passe, vous acceptez qu’on vous voit avec ce
genre d’article dans le caddie.
Tandis que moi, à chaque fois que je la reverrai, ma honte sera toujours aussi forte;
ma comparaison était donc intéressante mais pas si pertinente que cela…
Je décidai de replier le mot, de le mettre dans ma poche et de rentrer chez moi au lieu d’aller à la bibliothèque et risquer de l’y croiser encore. Je ne comptais pas changer mes habitudes pour elle, du moins, plus maintenant; mais je ne voulais pas non plus lui montrer que son raisonnement était juste.
Une fois chez moi, je cherchais à me détendre. J’étais devant ma télévision, en train
de me demander pourquoi j’avais eu cette attitude idiote envers cette fille. Je ne trouvais pas de réponse jusqu’à ce que la publicité commence. Je ne suis pas de ceux qui critiquent l’interruption des programmes télévisés par une petite page de pub’.
Au contraire, j’aime ça. Si un film ou une émission vient à durer trop longtemps, on commence à s’en désintéresser et ce même si l’émission nous plaisait. On commence à penser à notre tenue du lendemain. On revit une conversation que l’on a tenue auparavant, en améliorant chacune de nos répliques cela va sans dire. C’est à tout cela que sert la publicité, certains vont chercher quelque chose à grignoter, moi je préfère regarder les pubs pour Slim Fast, les substituts de repas au goût chocolaté.
C’est d’ailleurs grâce à cette pub que j’ai eu les réponses à mes questions. Je n’étais pas en pleine cure d’amincissement grâce à la garce de ma faculté, loin de là. J’étais en train de m’administrer des substituts de vie.
Vous-vous demandez peut être où je veux en venir, ou si je suis en train de tomber
dans l’ésotérisme bon marché ? Libre à vous de vous le demander, libre à moi
d’essayer de vous expliquer.

dimanche 3 janvier 2010

Roger est complètement con #1

" Roger est complètement con!
- Ah oui? Pourquoi?
- Il n'a rien compris au concept des chips aromatisées.
- Comment ça?
- Il trempe ses chips au ketchup dans du ketchup, celles à la sauce barbecue dans la sauce barbecue et celle à la bolognaise dans la sauce bolognaise.
- Ah oui, en effet, Roger est complètement con! "

samedi 2 janvier 2010

Mon premier roman #1

Aujourd’hui, à l’atelier d’écriture, c’était l’heure de choisir le nom de son roman. Quand j’ai dit à l’animateur que j’hésitais entre « Et dieu créa Mamie Nova », « La joie d’être une mandarine », et « Entre les doigts, le vide. » ; il m’a répondu qu’à ce stade, je devrais être capable de choisir ce qui correspondrait le mieux à mon écrit. Je lui ai rétorqué sans faiblir que très sincèrement tous ces choix pouvaient s’appliquer à mon roman ; qu’aucun d’entre eux ne trahiraient son contenu. Je crois qu’il a compris à qui il avait affaire. Alors il m’a conseillé de ne plus revenir.

Ne pas être sélectionnée dans les 100 meilleurs poèmes du concours local qui ne comptait que 105 participants m’avait déjà fichu un coup au moral, mais alors, me faire virer d’un atelier d’écriture gratuit, tenu par des gens subventionnés par la région, ça, ça m’a fait ouvrir les yeux. Bien grands ouverts les yeux. Les gens y z’y comprennent donc rien au talent. J’en étais déjà un peu persuadée depuis là fois où j’avais été tant malade que, chez mamie, j’avais dû regarder la télévision pendant un mois pour ne pas crever d’ennui. Plus jamais ça. Dans ma télévision, y’avait des gens qui faisaient des tours de magie, Sylvain Mirouf qu’il s’appelait, le plus beau. Il avait l’air gentil mais il était mauvais. Il aurait dit buvez ce vin car ceci est mon sang, je suis sure que des gens l’auraient fait. Mais pas moi. Non, pas le sang de Sylvain Mirouf.

Je pressens toutes mes envies d’uriner, ça fait bien longtemps que je ne me fais plus avoir. Je vais toujours aux cabinets à temps. Parfois in extremis mais toujours à temps. Du coup, si je peux prévoir un truc pareil, je peux écrire un livre, j’en ai la force. Mon envie de ne pas me faire dessus est beaucoup moins grande que celle d’écrire un livre tout en entier. Je pourrais même aller jusqu’à me faire pipi dessus, s’il le fallait. Je dirais que c’est un tour de pisse-pisse, et je le dédicacerais à Sylvain Mirouf. Bouffez ce pain, ceci est mon corps, mais je serais vous je ne mangerais pas la croute.

vendredi 11 décembre 2009

Tel un wizz #2

Et il t’a dit de faire attention, que ça devait être très facile de tomber amoureux de ta petite amie. Je l’ai stoppé net. Je ne suis pas ta petite amie. Je lui ai souri, il a fait de même. Il m’a montré une photo de sa femme. Je l’ai trouvée jolie alors je le lui ai dit. Il m’a dit qu’il était sûr que pleins de gens étaient amoureux de moi. Je lui ai dit « si seulement ». Il m’a dit que j’étais folle. Folle de souhaiter que pleins de gens soient amoureux de moi, folle de penser que ça puisse ne pas être le cas.

Je réajuste mon soutif et mordille ma lèvre d’un air lascif. Le monde est à mes pieds ; merci seigneur, j’ai changé mes chaussettes. Il est surement l’heure d’être autre part mais je ne me formalise pas. On remplit mon verre pour moi, sans que je demande quoi que ce soit. On me tape doucement sur l’épaule droite. C’est quelqu’un que j’ai rencontré il y a un ou deux week-end. Je tends la main pour qu’il me la baise. Poli, il s’exécute. Je me sens toute puissante. Je suis toute puissante.

Ils commencent à vider les cendriers, c’est le signal qu’on attendait pour rentrer chez soi. On ne sait jamais vraiment quand il faut partir. Trop tôt, ça fait hostile; trop tard, un peu débile. On va dans la chambre de George, on fait rouler Kira. Un peu, pas trop. Elle ne tombe pas. On récupère nos manteaux, enfin on croit. Je ne me souviens pas de ce trench là. On sert des mains, on frôle des joues, je te fais un clin d’œil et on y va.
Te laisser là, seul, à t’ennuyer, alors que je me fais raccompagner par mon homme marié me laisse une impression mitigée. J’espère que tu vas me rattraper dans la rue, pour m’arrêter. Je sais que tu ne le feras pas car ça serait t’avouer vaincu. Tu préfères me voir filer, au bras de cet inconnu. Je te hais. Et quand mon amant aura eu ce tout qu’il aura voulu, alors je me connecterai. Je te verrai en ou hors ligne, et je te le dirai, que je te hais. Et si tu ne réponds pas, alors c’est bien simple. Je te rappellerai à l’ordre, avec un wizz. J’appuierai deux fois, et le logiciel me dira sagement qu’il ne faut pas abuser des wizz, ah ça non, il ne faut pas.

dimanche 15 novembre 2009

Et puis, j'ai su.

Y’avait quelque chose de sérieusement désuet chez elle. De prime abord, je ne voyais pas ce que c’était et puis j’ai su. C’est son cerveau.

Tourbillon de folie #2

Il était tellement borderline le mec, qu’il coupait ses knackis aux ciseaux.

Et je fendis les eaux.

Laisse-moi finir mon top10 des meilleurs chansons dont le titre est Walking On Water, et après, promis, je viens au lit.

dimanche 1 novembre 2009

Pensée d'une enfant obèse #4

"Papa! Papa! J'ai lu dans "Sciences et Vie Junior" que la graisse de canard pouvait être bonne pour le coeur. Je viens d'en boire un litre, est-ce que tu crois que ça veut dire que je n'aurai jamais de problème cardiaque pour toute la vie entière?"
"Non."

samedi 10 octobre 2009

Et bim, Et bim #2

"Eh, toi qui as des prétentions littéraires à ce qu'il parait; tu devrais écrire un truc sur moi, sur ma vie."
"Je veux bien mais je suis novice en haïkus!"

De la frigidité #2

"Ta meuf elle est tellement frigide que lorsqu'elle écarte les jambes, elle se demande qui a encore laissé la porte du frigo ouverte."

De la frigidité #1

"Ta meuf, elle est tellement frigide qu'elle confond ses envies de pisser avec ses envies de niquer."

samedi 26 septembre 2009

Tel un wizz #1

Tu peux bien t’éloigner, je te rappellerai à l’ordre tel un Wizz. Et quand dans les bras de cette pute d’inconnue, tu verras mon nom s’afficher sur ton téléphone ; alors tu sauras. Il sera sans doute trop tard mais tu essaieras de me rappeler. Je ne répondrai pas, je serai occupée. A me venger, à baiser cet inconnu qui était coupable de se trouver là au bon moment, ou au mauvais, selon le point de vue. Je ne veux pas connaitre son prénom, pas plus que toi tu ne souhaites savoir quoi que ce soit des états d’âme de la conne qui te suce alors que tu m’envoies ces textos désespérés. Non, tu ne peux pas passer chez moi. Non, on ne peut pas tout oublier et recommencer à zéro.
Enfin si, on pourrait aisément en fait, car on l’a jamais vraiment beaucoup dépassé ce zéro. Toi avec tes doutes, moi avec mes complexes. On était le couple d’idiots les plus parfaits qui n’aient jamais étés, de ce côté là de l’atlantique, tout du moins.
Et j’écoutais mon iPod pour ne pas l’écouter gémir. Ce n’était plus du malaxage de seins qu’il pratiquait, c’était presque de la chirurgie investigatrice. Il avait peut-être oublié un ustensile la dernière fois qu’il m’avait fait un check-up des glandes mammaires. Ah mais non, attends, c’est vrai. Je l’ai rencontré il y a une heure, l’heure à laquelle je t’avais vu quitter le pub avec ta conne.

mardi 18 août 2009

Petite pensée d'une alcoolique #2

"Habajoeh ragahkah ohnovim uertama. Apahrah lhuinsse hah?"
"Ça me parait improbable."

Petite pensée d'une alcoolique #1

"Tu crois que si je bois une goutte de rhum de plus, je vais me transformer en pirate?"
"Ça me parait improbable."

samedi 1 août 2009

Pensée d'une enfant obèse #3

"-Dis, papa? Tu crois qu'un jour je pourrai gagner à Jenga, avec mes doigts?
-Non!"

Tourbillon de folie #1

« Et dire qu’il faisait même pas la différence entre le mot pétoncle et pédoncule. Il disait pétoncule, le fou. »
« Ah oui, en effet, c’est fou. »

Pensée d'une enfant obèse #2

"-Dis, papa, tu crois que si j'avale cette boite entière de pilules amincissantes avant de dormir; alors je vais disparaitre dans la nuit?
-Non."

mardi 28 juillet 2009

Pensée d'une enfant obèse #1

"-Dis papa, tu crois que si je pleure toute la nuit, je serai moins grosse demain?
-Non."

dimanche 19 juillet 2009

Et bim et bim #1

"Votre visage me donne envie de sortir mon appareil photo!"
"Ah, vous touchez un peu en photographie?"
"Non, mais j'adore le cubisme!"
"..."

dimanche 21 juin 2009

Imoen, des solutions, des problèmes...

Mercredi 15 juin 2005. Ciel dégagé. Soleil puissant. Les tomates vont pousser. Discussion dans le cabinet du docteur:

"-Docteur, j'ai un problème!
-Tant mieux, si vous étiez venue pour me dire que vous mangiez un B.A. tous les matins, j'aurais été obligé de vous faire payer pour rien.
-Oui, et je suis sympa avec le trou de la sécu.
-Voilà qui est réjouissant à entendre. Nous ne sommes pas là pour rire n'est-ce pas? Qu'est-ce qui vous amène Imoen?
-Je suis cleptomane.
-Oh la! Je devrais peut-être planquer les cotons-tiges et thermomètres qui traînent avant que vous commettiez l'irréparable!
-Très drôle, Docteur!
-Oh si peu! Mais dites-moi mon petit, depuis le temps que je vous connais, votre famille et vous, personne ne vous a jamais expliqué que j'étais généraliste et que pour une tare comme celle dont vous semblez souffrir, il vaudrait mieux consulter un spécialiste.
-Justement, comme vous abordez le sujet, moi aussi je me suis spécialisée. Toutes les petites clepto' volent des rouges à lèvres flashy, un tube de vernis vert pomme; mais moi, docteur, je ne vole que les dictionnaires.
-Ah, en effet, c'est particulier, mais je ne vois toujours pas en quoi je peux vous aider.
-En fait c'est surtout car je ne sais plus vers qui me tourner. Les spécialistes devraient me signaler aux autorités en cas de récidive, chose que je ne peux pas me permettre.
-Mais enfin Imoen, sans un peu de pression vous n'arriverez pas à bout de quoi que ce soit.
-Mais je ne veux rien arrêter docteur, vous ne comprenez pas...
-Oui, j'ai l'impression de ne rien comprendre.
-J'aime voler ces dictionnaires et je ne veux pas que cela change, je serais trop triste sans cela.
-Alors pourquoi donc m'en parler?
-J'ai besoin de quelqu'un qui analyse sans trop analyser, qui dédramatise sans légitimer...
-Alors pourquoi des dicos?
- Eh bien je trouve qu'ils sont fantastiques.
-Ok vous avez raison, mais quand on en a un ou deux, à quoi bon en voler d'autres?
-Ne dites pas d'absurdités docteur, il y a des rééditions tous les ans, il y a des tas de collections différentes. Les dictionnaires unilingues sont mes préférés mais je ne crache pas sur un petit dictionnaire bilingue de temps en temps.
-Ah, vous voulez dire que l'excitation est à son comble quand vous apercevez un dico Italo-finnois?
-Parfaitement, d'ailleurs, la semaine dernière, je suis tombée sur un dictionnaire de synonymes russe. Je n'en avais jamais volé auparavant!
-Ah j'espère que vous avez volé une bouteille de champagne pour fêter cela?
-Docteur, je vous l'ai dit, je ne vole que les dictionnaires; même si une fois, par erreur et précipitation, j'ai pris un guide de conversation suédois.
-Miséricorde! Question sotte, mais comment arrivez-vous à les voler?
- D'un, je ne vole que dans les grandes surfaces, aux heures d'affluences...
-De deux?
-J'y venais.
-J'y compte.
-De deux, ça peut sembler stéréotypé, mais je mets un grand imper' pour pouvoir glisser mon butin et déambuler de manière peu suspecte.
-Je n'arrive pas à conceptualiser. Personne ne vous voit planquer le petit robert sous votre manteau?
-Attendez, il y a une subtilité que j'allais vous énumérer en "petit trois". Je suis maligne docteur!
-Maligne, ça doit être le mot oui...
-Donc de 3: je vais au rayon des sous-vêtements, je choisis quelques modèles. Je vais soi-disant les essayer en cabines_ qui ne sont pas sous surveillance vidéo. J'enlève l'antivol, je démagnétise le code-barre à l'aide d'un gadget créé pour l'occasion et je plaque le dico au niveau de mon ventre.
-Malicieux.
-Oui, ainsi, les seules questions que l'on peut se poser à mon sujet sont: elle est ballonnée ou enceinte? Elle en a pour combien de mois?
-Mais jamais aucun vigile ne s'est alarmé?
-Eh bien une fois, une armoire à glace de la sécurité a eu l'air de me pister, j'ai eu peur. Mais en réalité, il m'a juste prévenue que j'avais un soutien-gorge accroché à la semelle de ma chaussure, j'avais du oublié de le reposer lors de ma séance d'essai.
-Trivial.
-Complètement.
-Mais si vous avez une envie de dictionnaire, alors qu'il y a peu de clients, donc plus de chance pour que l'on vous remarque?
-Eh bien, dans ce cas là je bénis celui ou celle qui a jugé bon de faire des éditions de poche!
-Ah oui, encore plus de choix pour vous!?
-Pas seulement, c'est un peu comme si je buvais un coca light au lieu d'un vrai coca. Le plaisir est le même mais au fond, tu sais que c'est moins grave. C'est un peu comme si je faisais un régime.
-Je vois, je vois. Enfin, je crois que je vois. Je peux vous proposer quelque chose si vous voulez.
-Quoi donc? J’espère que vous n'allez pas me proposer vos anciens dicos. Si vous me les donnez, ça ne sera plus du vol, donc plus aucun intérêt pour moi...
-Non non, je vous propose de faire un suivi, pas médical, mais presque. Vous viendriez me voir toutes les semaines, ou plus souvent si vous le désirez. On comptera le nombre de dictionnaires volés, on discutera de leurs qualités et on observera les conséquences sur votre santé, votre bien être...
-On fera des courbes?
-Si vous voulez...
-Alors Ok, je trouve que ce serait une bonne idée.
-Très bien, demandez donc à Elma un rendez-vous pour mercredi prochain, même heure.
-Parfait, merci docteur, à la semaine prochaine...
-Au revoir
-Au revoir Monsieur Dubruy.
-Imoen, attendez...
-Oui docteur?
-Rendez-moi mon Vidal, s’il vous plait, j'en aurai besoin."

jeudi 18 juin 2009

Petite lettre à un ami analphabète.

Si j'avais une brouette #4

Marc appelle Catherine car le téléphone sonne. Catherine réussit à se débarrasser de monsieur Durand qui n’est pas près de venir racheter ses fleurs ici. Catherine prend le téléphone, demande à Marc de lui céder son bureau quelques minutes. Catherine est rassurée de pouvoir enfin parler à sa mère.
« Allo ? »
« Cathy, c’est Maman. Jo m’a dit que tu avais téléphoné et qu’il fallait que je te rappelle. »
« Ouais, il t’a pas menti pour une fois. »
« Pour une fois ? »
« Bah oui, c’est quoi encore, cette histoire de tronçonneuse ? »
« C’est Jo, tu connais ton oncle, il en rajoute tout le temps… »
« Oui mais il t’accuse de le négliger là. »
« A tort, puisque je suis allée lui chercher d’autre antiseptique. Mais tu voulais me dire quoi de si urgent?»
« En fait, tout à l’heure à la boutique, y’a une dame qui est passée, elle a fait une commande folle, au début je refusais mais Marc a accepté pour se prouver je ne sais quoi… »
« Et c’est quoi sa commande ? »
« 150 couronnes de roses. »
« …»
« Ouais, je sais, j’ai dis qu’on pourrait sûrement pas trouver toutes ces roses, mais Marc va signer un contrat et on pourra pas revenir en arrière une fois qu’on aura accepté. »
« N’acceptez pas alors, moi je peux pas me dédoubler, et parcourir la France entière à la recherche de roses nous appartenant. »
« Maman, tu sais bien que je pourrai pas convaincre Marc. »
« Alors pourquoi tu m’appelles ? Tu penses que je vais vous féliciter ? »
« Je voulais te mettre au courant, que tu sois pas prise au dépourvu, il y a un délai d’une semaine. »
« Tu es bien mignonne, mais si tu m’avais prévenue il y a un mois, j’aurais quand même été prise au dépourvu »
« Désolée Maman… »
« C’est pas ta faute, mais là je vais devoir te laisser pour appeler tous les gens susceptibles de m’aider. J’espère te voir ce week-end pour m’aider à ramasser des herbes. »
« Oui maman, Marc viendra aussi je pense. »